Sa légende

Le Sacré de Birmanie nous emmène sur les versants des montagnes de Lugh, en Birmanie, ou une très belle légende a vu le jour.

Elle a été rapportée en France par la romancière Marcelle Adam.

Le moine bouddhiste Yotag Rooh-Ougji racontait cette histoire :

« Il y a très longtemps, en Birmanie, dans le monastère de Lao-Tsun vivaient de pacifiques moines appelés Kittah, voués au culte de la Déesse Tsun Kyan Kse. Cette divinité au corps doré et aux yeux couleur saphir était la déesse de la transmigration qui avait le pouvoir de réincarner les fidèles Kittah en animaux après leur mort.

En ce temple sacré, le plus saint de tous les moines, le Kittah  Mun Ha, avait pour fidèle compagnon Sinh un chat blanc aux yeux jaunes. Ce dernier était le chef de 100 autres chats sacrés.

Mais un jour, la sérénité de ce lointain lieu de méditation fut bouleversée par l’arrivée et l’assaut d’ennemis qui pénétrèrent dans le temple. Le Kittah Mun Ha lutta en vain et fut tué. Il s’effondra aux pieds de la statue de la Déesse. Sinh, son fidèle compagnon sauta sur le corps inanimé de Mun Ha et se mit à  fixer les yeux de la Déesse, comme il l’avait vu faire tant de fois.

Il ne remarqua pas les métamorphoses qui le transformaient pendant qu’il veillait sur son maître tout au long du voyage de son âme ; son pelage devint doré comme la peau de la Déesse, ses pattes, son museau, ses oreilles et sa queue majestueuse devinrent bruns, couleur de la terre. La Déesse donna à Sinh ce qu’elle avait de plus beau: ses yeux devinrent d’un bleu saphir intense et profond.Enfin, seuls les pieds de Sinh, posés sur le corps du moine restèrent d’un blanc candide, symbole de pureté.

Et comme ses yeux se détournaient vers la porte du sud, les kittahs, obéissant à cet impératif regard chargé de dureté et de lumière, se précipitèrent pour fermer sur le premier envahisseur les lourdes portes de bronze.
Le temple fut sauvé de la profanation et du pillage.

Après avoir veillé une semaine sur le corps de son maître, sans manger ni boire, Sinh mourut à son tour, emportant vers le dieu Song Hio, l’âme de Mun Ha, trop parfaite désormais pour la terre. Quand les moines survivant à ce massacre se réunirent afin d’élire le successeur de Mun Ha, tous les chats du monastère entrèrent dans la salle. Tous étaient vêtus d’or et gantés de blanc, et tous avaient changé en saphir profond le jaune de leurs yeux. Tous en silence se tournèrent vers le plus jeune des kittahs, Ligoa, indiquant ainsi leur choix, selon la volonté de la déesse … »

« Et maintenant, précisa la conteuse,
quand meure un chat sacré au temple de Lao- Tsun, c’est l’âme d’un kittah qui reprend à jamais sa place au paradis de Song-Hio, le dieu d’or. Mais malheur aussi, conclut-elle, à celui qui hâte la fin d’une de ces bêtes merveilleuses, même s’il ne l’a pas voulu. Il souffrira les plus cruels tourments jusqu’à ce que s’apaise l’âme en peine qu’il a perturbée… »

On ne sait si cette belle légende fut vraiment fondée sur l’existence de ces Chats dans un temple Hindouiste, toujours est-il que le Major Russel Gordon, officier de Sa Majesté Britannique, chargé de protéger les kittahs des invasions, rapporte ceci dans ses notes personnelles:

« Le Temple de Lao-Tsun est incontestablement une des curieuses merveilles de l’lnde que de bien rares mortels ont été appelés à contempler.
Situé à l’est du Lac Incaougji, entre Mogaung et Shwebo, dans une région quasi désertique, entouré de barrières aux murs infranchissables.
Là vivaient encore en 1898, les derniers Kittahs et il me fut permis de les observer quelque peu avec leurs animaux sacrés.
Suite à la rébellion et lors de l’occupation Anglaise de la base de Bahmo, base très isolée en raison de son éloignement de Mandalay, nous eûmes à protéger les Kittahs contre une invasion Brahmanique et nous les sauvâmes d’un massacre et d’un pillage certains.
Leur Lahma Kittah, le Yotag ROOH-OUGJI, me reçut et me fit présent d’une plaquette représentant le Chat Sacré de Birmanie aux pieds d’une déesse bizarre, dont les yeux sont faits de 2 saphirs allongés après m’avoir permis de contempler les Chats Sacrés au nombre d’une centaine. »

Si l’on en croit ce militaire, la légende rejoindrait la réalité …

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